Durant la phase de conception ou de rénovation d’un bâtiment, le choix des matériaux de construction est une réflexion multiple : résistance aux contraintes physiques, résistance à l’usure, coût du matériau… Sélectionner un matériau au regard de ses propriétés vis à vis de la qualité de l’air est un choix permettant de trouver un compromis coût d’achat-coût d’utilisation souvent plus avantageux sur le long terme. Un des aspects à prendre en compte lors de cette réflexion est leur comportement vis à vis des moisissures dans le bâtiment durant la phase d’exploitation. Selon le matériau choisi, le risque de développement de moisissures sera limité et par conséquent diminuera les risques d’allergies voire même l’absentéisme au travail.

Moisissures, matériaux, hygrométrie

Les moisissures ont la capacité de se développer sur de nombreux supports lorsqu’elles trouvent les nutriments nécessaires à leur croissance. Un des facteur facilitant leur développement est la présence d’humidité en particulier dans le matériau lui-même. En maintenant des matériaux secs et un niveau d’hygrométrie aux alentours de 50% dans l’air intérieur, la croissance des moisissures sera rare. En favorisant un renouvellement d’air adapté selon la taille du bâtiment, le risque de développement de moisissures sera également limité.

Dès lors que les conditions ambiantes dans le bâtiment se dérèglent, suite par exemple à un dégât des eaux, un défaut de renouvellement de l’air ou à la présence d’un pont thermique, le risque de développement de moisissures augmente. Ce développement peut être visible mais également masqué. Les moisissures peuvent en effet se développer dans des zones non accessibles comme dernière une armoire, ou bien dans une cloison creuse, au niveau des gaines de ventilations ou les filtres des centrales de traitement d’air (CTA). Lorsque l’accès est difficile pour nettoyer comme dans le cas de cloisons creuses, des méthodes destructives sont nécessaire pour atteindre et supprimer les moisissures.

Pour pallier au développement de moisissures, il est judicieux d’utiliser des matériaux le plus résistant possible au développement des moisissures et le moins émetteur de composés organiques volatils (COV). Le choix du matériau dépend de la localisation du bâtiment, du type d’activité et des modes d’exploitation du lieu par les usagers.

Le coût des matériaux vs. qualité de l’air

La qualité de l’air intérieur est un enjeu pour la santé des occupants du bâtiment. Elle fait intervenir un nombre important de facteurs, dont les conditions de confort, le niveau de pollution chimique de l’air, la présence d’allergène ou de bio-contaminants dans l’air intérieur. Les défauts de bonne qualité de l’air représentent un coût évalué par l’ANSES à 19 milliard d’euros par an en France. Ce coût est lié aux frais générés par les maladies dues à une mauvaise qualité de l’air, la perte de productivité liée au décès prématuré et à un ensemble d’autres facteurs socio-économiques.

Pour participer à la diminution de ce coût, il est primordial de se préoccuper de la qualité de l’air intérieur où nous passons parfois jusqu’à 80% de notre temps. Dans une démarche globale de compréhension et d’appréhension de la contamination de l’air par des polluants chimiques ou biologiques, le choix du matériau de construction ou de décoration est important.

Le choix du matériau de construction dépend entre autres de la situation géographique et de son intégration dans un ensemble de bâtiment à l’échelle du quartier par exemple . En effet, les matériaux ne seront pas les mêmes si le bâtiment est situé à Paris ou bien en région atlantique ou PACA. Les critères vont dépendre des contraintes thermiques et climatiques de la région mais également des contraintes d’architecture. Un autre critère à tenir compte dans le choix du matériau est le mode d’exploitation du bâtiment. En effet, l’utilisation d’un bâtiment est différent pour les logements ou les bureaux tertiaires.

Le choix incombe au maître d’ouvrage. Dans la mise en place d’une solution répondant aux différents critères des normes énergétiques et répondant à des aspirations sur une meilleure qualité de l’air intérieur, sélectionner le bon matériau de construction est un choix stratégique pour la durabilité du bâtiment. Le coût du matériau doit alors être calculé sur la durée de vie du bâtiment et englober le coût d’achat initial mais également le coût d’entretien et le gain ou la perte de productivité liée aux activités humaines.